Le cytomégalovirus (CMV) et la grossesse : ce qu'il faut savoir

Par Dr. Anne-Sophie Gille et Dr. Mickael Martinet

Qu'est-ce que le cytomégalovirus ?

Le cytomégalovirus (CMV) est un virus responsable d’infections fréquentes de la famille des herpesvirideae. Environ 60-70% des personnes rencontrent ce virus au cours de leur vie dans les pays développés.

Une fois contracté, il reste dans le corps, souvent sans provoquer de symptômes. En France, environ la moitié des femmes en âge de procréer ont déjà été en contact avec ce virus. Chez la plupart des adultes, le CMV passe inaperçu ou provoque de la fatigue, de la fièvre ou l’apparition de ganglions (syndrome mononucléosique). Mais pendant la grossesse, une première infection par le CMV peut se transmettre au bébé et provoquer des complications.

Pourquoi le CMV est-il important pendant la grossesse ?

Si une femme enceinte rencontre pour la première fois le CMV, le virus peut être transmis au bébé. Les cas sont rares (environ 1 à 4 % des grossesses), mais si cela se produit, environ 1 bébé sur 3 sera infecté.

La plupart naissent sans symptômes, mais environ 10 % peuvent présenter des problèmes : surdité, retard de croissance, anomalies cérébrales, ou d'autres troubles du développement. Parfois, ces signes apparaissent plus tard, comme une altération de la fonction auditive.

Le risque est plus grand si l'infection a lieu au premier trimestre de grossesse.

Il n'existe pas encore de vaccin pour protéger contre le CMV. Les recherches continuent, mais pour le moment, la meilleure protection reste la prévention par des mesures d'hygiène.

Le dépistage du CMV : qu'est-ce que c'est ?

Depuis juin 2025, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de proposer un test de dépistage à toutes les femmes enceintes au début de la grossesse. Ce test est une simple prise de sang pour connaitre le statut sérologique de la future maman, c’est-à-dire vérifier la présence ou l’absence d’IgG (témoin d’une infection ancienne) et d’IgM (témoin d’une infection récente).

Cette sérologie CMV est réalisée autour de 12 semaines d'aménorrhée (12 SA).

  • Si la maman est IgG+/IgM-, elle a déjà rencontré le CMV et est donc protégée. Une réinfection ou une réactivation du virus est possible mais elle est rare et le plus souvent sans conséquence pour le bébé. Un risque de troubles neuro-sensoriels, - notamment auditif - existe toutefois.
  • Si la maman est IgG-/IgM-, elle n’a jamais rencontré le CMV et doit être vigilante, car elle peut encore l'attraper. Dans ce cas, des règles sont à suivre et une nouvelle sérologie est proposée entre 16 et 18 SA pour vérifier l'absence d'infection récente.
  • Si la maman est IgG-/IgM+, il faut contrôler la sérologie 1à 2 semaines après pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un début d’infection.
  • Si la maman est IgG+/IgM+, un test complémentaire appelé avidité des IgG est réalisé pour aider à dater l'infection.

Comment se protéger du CMV ?

Le CMV se transmet par la salive, les urines ou les larmes, surtout chez les jeunes enfants. Voici les gestes simples à adopter si vous êtes enceinte :

  • Lavez-vous souvent les mains avec de l'eau et du savon, surtout après avoir changé un bébé, donné à manger, ou essuyé son nez
  • Ne partagez pas la tétine, la cuillère, la brosse à dents ou le verre d'un jeune enfant
  • Evitez les bisous sur la bouche des enfants
  • Portez des gants pour laver les objets souillés (linges, couches...)
  • Le coparent doit prendre les mêmes précautions car le virus se transmet sexuellement et par la salive.

 

 

Et s’il y a une infection pendant la grossesse ?

Si une infection est détectée précocement, une mise sous traitement de la maman par valaciclovir peut être proposée pour éviter le passage du virus jusqu’au bébé, et des examens complémentaires (comme une analyse du liquide amniotique) peuvent être réalisés pour rechercher si le CMV a atteint le bébé.

Si le bébé semble touché, un suivi spécifique sera organisé, avec des examens comme des échographies approfondies.

En cas de situation grave, l'équipe médicale discutera des options possibles avec les parents.

Conclusion

Le CMV est un virus fréquent mais souvent méconnu. Pendant la grossesse, il peut présenter un risque pour le bébé, surtout si la future maman n'a jamais eu ce virus.

Le dépistage, recommandé depuis juin 2025, permet de mieux informer et protéger les femmes enceintes.

Les gestes d’hygiène sont essentiels pour éviter l’infection. En cas de doute ou de question, n'hésitez pas à en parler avec votre médecin, votre sage-femme ou votre biologiste.

Sources

  • Recommandations HAS de Juin 2025 : Évaluation de la pertinence d’un dépistage systématique de l’infection à cytomégalovirus (CMV) au cours de la grossesse
  • Ameli.fr

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